Les San Blas, à quelques 150 Mn du canal de Panama attire de plus en plus de « boaters » qui viennent découvrir peut être le seul territoire indien, géré par eux même, de la planète, ou les coutumes ancestrales sont encore bien vivantes.
Village de Mamitupu :
Ce matin au levé du jour, tous les hommes ont quitté le village avec leur pirogue à voile « Ulu » vers la terre ferme, et en rang serré se sont rendus au même endroit. Intrigués nous mettons l’annexe à l’eau et les suivons. Nous découvrons qu’aujourd’hui le Sahila (chef du village) a décidé d’une action communautaire : trois cent hommes travaillent, armés de machettes qu’ils aiguisent comme des rasoirs, au fauchage des abords des 500 m de la piste d’attérrissage, suite à la demande des pilotes du bimoteur qui se pose chaque matin . 3h suffiront pour tout couper, « plus efficace qu’une machine » disent-ils et ils rient beaucoup de nous voir, nous deux blancs armés d’un appareil photo, quelle leçon !
De retour à la pagaie sur l’île en fin de matinée, ils reprennent leurs activités journalières, celui-ci dégage les noix de coco de leur gangue fibreuse, celui-là en râpe la chair, cet autre taille à l’espinette un tronc de « Caracoli » amené par flottation de la forêt tropicale. Il sculpte ainsi dans la masse en une semaine un Ulu. Sa pirogue sera donc d’une seule pièce, coque, pied de mat, support de banc compris ! Aucun droit à l’erreur …
Les femmes viennent à notre rencontre : « Compra mola !», achète mola !
Le mola est la pièce maîtresse du costume des femmes, l’un sous la poitrine et l’autre dans le dos. Il s’agit à l’origine de reproduire sur le vêtement les peintures que les femmes se faisaient sur la peau. Cinq pièces de tissu superposées de couleurs différentes font apparaître par la technique de l’appliqué inversé des motifs géométriques ou figuratifs très originaux. A cela s’ajoute la jupe courte, le « muswe » sur la tête et les ornements de bras et de jambe en minuscules perles enfilées, les « wini ». Le critère de beauté tient à la finesse des bras et des jambes. Une touche de rose posée sur les joues avec le jus du fruit « anato », une ligne sur le front au jus noir bleuté du « jagua », un anneau d’or dans le nez, les cheveux toujours courts, voilà la femme Kuna …
Mamitupu est l’un des nombreux villages que nous avons visité et partout les Kuna ont bien compris qu’ils pouvaient tirer grand bénéfice de la visite des tourdumondistes, ils monnayent les visites, ancrer près d’une île est payant, mettre un pied à terre également et bien sûr ils vendent ces objets d’artisanat remarquables : les molas, qu’ils ont simplifié à deux ou trois couches, c’est plus facile, plus rapide à faire, plus rentable ...
Ils ont réussi jusqu’à présent à préserver totalement leur société matriarcale communautaire, mais pour combien de temps ?
JOURNAL DE BORD
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30 décembre 2009
Molas traditions, mal aux traditions PANAMA
15 décembre 2009
Kuna Yala PANAMA
4000 ans avant notre ère, leurs ancêtres ont quitté l’Asie et sont arrivés par le détroit de Béring sur un continent qu’ils ont appelé Abia Yala « le pays du peuple », Christophe Colomb, s’est obstiné un moment à l’appeler Chine ! Nous l’appelons Les Amériques. Installés jadis dans l’actuelle Colombie, ils fuient devant les envahisseurs Espagnols vers l’actuelle province du Darien à l’est du Panama, chassés encore ils se réfugient vers la côte et les îles du Nord Est, là ils fondent le Kuna Yala, le pays des indiens Kuna.
Le Kuna Yala est une région du Panama, mais, autogérée par les seuls indiens. Aucun non Kuna ne peut s’y installer ou acheter la terre. Les mariages mixtes ne sont pas autorisés ou du moins pas sur le territoire Kuna. On parle le Kuna et quelques fois l’espagnol.
Géographiquement le Kuna Yala est une mince bande de terre côtière et plusieurs centaines de petites îles « une pour chaque jour de l’année » dit-on ici. La navigation est difficile à cause des barrières de corail qui dessinent un véritable dédale frangé de vagues déferlantes.
Les Kunas ont construit leurs villages sur les îles. La maison traditionnelle est une hutte construite en bois et couverte de palmes de cocotiers, à l’intérieur le strict nécessaire sur sol de terre battue, salle d’eau et wc sur pilotis au-dessus de l’eau (ainsi que la porcherie).
Les maisons se serrent autour du Congreso, la plus grande construction, où le Sahila, le chef, et son conseil, reçoivent, installés dans des hamacs, les doléances des villageois.
Dans la plupart des villages, il n’y a ni eau courante ni électricité, mais peu à peu des canalisations sous-marines apportent l’eau du continent (au milieu de la rue), les plaques solaires apparaissent (poteau blanc) et l’électricité alimente les télévisions, le téléphone portable a fait son apparition. Le saut du moyen age au 21ème siècle est rude a avaler en 15 ans …
Les Kunas pêchent et se déplacent d’îles en îles avec leur Ulu, pirogue à voile gouvernée à la rame. Le soir les bateaux sont mis à sec sur cales près des maisons.
Les indiens vivent de la production de la noix de coco, les cocoteraies, appartenant à toute la communauté, couvrent toutes les îles dont certaines sont habitées par la seule famille chargée de l’entretien.
Peu à peu le tourisme prend de l’ampleur, les Kunas ont bien compris leur intérêt. Certaines îles à cocotiers se transforment en îles-hôtel-paillotes, désservies par des lanchas à moteur qui amènent pour quelques heures ou quelques jours, les touristes arrivés en 4X4 sur la côte . Les voiliers des grands voyageurs, nombreux aujourd’hui à fréquenter la zone, sont taxés pour ancrer (!), pour visiter les îles-village, pour prendre des photos, … Par le congreso tout puissant!
Nous sommes heureux d’avoir parcouru ce territoire hors du temps, avant que la déferlante touristique ne détruise comme partout sur notre petite planète, les traditions ancestrales, la gentillesse des adultes et le sourire des enfants.
Je m"appelle STEEL BAND et je suis
- Un beau voilier catamaran blanc
- J'ai 43 pieds, c'est pratique pour voyager, je suis épris de liberté. Avec mon capitaine, je peux vous emmener au bout du monde.