Un article un peu différent ce mois ci, changement d'auteur.
Cela fait maintenant trois ans et demi que je vis à Sydney, et j'ai passé en tout deux semaines avec mes parents depuis Mars 2007. Julien de son côté, après avoir visité l'Australie, l'Amérique du Sud et l'Inde, a passé six mois à Washington avant de revenir à Paris. Il était tant que la famille se retrouve. La plupart des réunions familiales se font autour d'une table, la notre s'est faite sur un bateau en Polynésie Française au milieu de l'océan pacifique.
Je suis arrivé à Papeete le 26 Juin après 9 heures de vol et une escale en Nouvelle Zélande. Dans mes sacs: deux shorts, deux tee-shirts, une paire de lunettes de soleil, une paire de baskets, 5 kilos de matériel de plongée, 10 kilos de matériel photographique, des poulpes en plastique, deux jeux d'anodes en trois parties (10 cm de longueur courbe chacune) pour hélices pliables Volvo D1-30, deux Impellers 3586497, un condensateur CD100µF LS 80PR, et d'autres objets improbables commandés par le chef de bord, ... bref l'essentiel de voyage façon Berbigier.
Après avoir traversé les douanes un peu avant minuit je retrouve père et mère bronzés, minces, et souriant. Pour un instant je me demande s'ils ont passé trois ans sur cette île déserte avec Tom Hanks (voir le film "Seul au monde", ou "Cast Away" pour les anglophones). Maman passe le collier de fleurs autour de mon coup, les bises, et me voilà en vacances, en famille. Bien entendu pas de taxi pour évacuer l'aéroport, mais 30 minutes de marche à pieds le long des routes locales, à traverser les plus "beaux" quartiers de Papeete (nous aurions facilement pu faire l'avitaillement de paka lolo = herbe folle sur le trajet). Arrivée devant un portail, un agent de sécurité (vous a-t-on parlé des fonctionnaires en Polynésie Française?), on entre dans un club de canoë où est "garée" l'annexe.
A la vue du zodiac j'ai commencé à comprendre que l'on ne parlait plus de voyage de quatre semaines aux Antilles, ici nous avons un vrai zodiac de tourdumondiste: hélice abîmée, capot fêlé, plastique brûlé et recouvert d'une moquette protectrice grise (les restes de l'ancienne moquette de la maison). L'engin a vu les trois quart des mers du monde et ça se sent.
Démarrage du premier coup, gonflage approximatif, nous voilà parti dans le lagon de Tahiti en pleine nuit, papa, maman, moi et mes sacs...
Enfin le bateau mouillé à un mile de la plage, fier, impeccable, entretenu, aménagé, superbe. Il est une heure du matin, un rhum (bein sûr), une longue conversation, et me voilà au lit dans ma cabine. Pas de sirène, pas de pompier, d'ambulance, de soûlard qui crie dans la rue, pas d'alarme de voiture, rien... des étoiles, les vagues qui cassent sur le récif à seulement 100m. Finalement, le calme.
Le premier jour à Papeete m'a donné une bonne idée de la routine du voyage, en attendant Julien nous avions un peu de temps devant nous alors j'ai suivi mes parents dans leur quotidien. Levés tôt, petit déjeuner, planning de la journée, zodiac à l'eau, vélos embarqués, vhf, sacs à dos, ancre et cadenas à vérifier. Missions du jour: trouver une connexion internet pour suivre les affaires en France, de la paperasse, entretenir le bateau et réparer, faire ressouder la vhf, trouver l'ampoule de la lampe de pont, la bonne taille, le bon materiau, et surtout le bon prix. Après trois ans à Sydney à travailler pour une boite qui couvre tous mes frais/déplacements, un bon retour à la réalité.
Il faut trouver des solutions chaque jour, et des solutions pas chères, sinon le voyage n'ira pas au bout. La logistique est complexe, l'expérience nécessaire, la motivation doit rester au top, ce n'est pas simple. Le glamour des cartes postales n'est qu'une partie de l'histoire, le voyage nécessite un travail quotidien. Je suis papa en vélo sur les routes sinueuses de Tahiti à la recherche des pièces nécessaires, il fait chaud, il a la forme le capitaine, moi il me semble que je vais devoir m'adapter un peu, je ne suis pas en costume aujourd'hui et mon rythme cardiaque me semble bien élevé pour espérer rester à distance raisonnable de sa roue arrière.
Deux jours après, plus en forme, premiers coups de soleil, retour à l'aéroport pour récupérer le plus jeune membre de la famille, lui aussi a passé ces derniers mois coincé dans un costume et vissé derrière un écran d'ordinateur, il ressemble à un lapin myxomatosé (lapin, le mot interdit).
Julien prend ses marques lui aussi, nous restons un jour de plus à Papeete, internet, emails, loyers, cons de locataires, saloperies d'impôts et de factures, fichiers météo, 30 noeuds dehors tout le monte rentre au port, on largue les amarres direction Moorea...
Papa au boulot en ligne
Papa au boulot en l'air
Steelband à quai
Quelques minutes avant le départ
Julien à la barre, en route vers Moorea
Texte et photos: Jérôme.
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